Tsubaki Journaliste
Messages : 496 Date d'inscription : 02/03/2011 Age : 29 Localisation : 404 Not Found
| Sujet: L'extèrieur, sombre et chaotique - la lueur d'une bougie Mer 9 Mar - 13:39 | |
| (Ou le point de vue d'une névrosée x) ) On va faire bref, je suis sur un forum RPG donc il m'arrive régulièrement de rp à mes heures perdues. V'la le début de l'histoire de mon perso, félicitations si vous arrivez à tout lire o/ - Spoiler:
Cela faisait une semaine. Une semaine que Lydia était arrivée à Habiltas, avait emménagé à l’étage de son nouveau commerce. Une conclusion s’imposait, l’intérieur sentait le renfermé. Et l’absence de fenêtres se faisait sentir, mis à part la petite lucarne de la chambre à coucher ; alors Lydia allumait des bougies, et les bougies se consumaient, puis s’effondraient en un monticule de cire. Une semaine, sept jours. Sept longues et interminables journées s’étaient écoulées. Et Lydia était restée terrée dans l’atelier chacune d’elles, remplaçant les bougies dont la flamme mouraient, tentant en vain de sauver leur clarté jaunâtre en s’étirant le haut de la mèche. Les yeux de Lydia ne pouvaient se détacher de cette lumière, aussi faible soit elle. Ses yeux fixant la lueur écarlate, et elle passait là des minutes, des heures entières devant. C’était si rassurant, cette brillance chaleureuse qui vous tenait compagnie, alors que des ombres tentaient de vous envelopper de leurs ténèbres douloureuses et profondes… Et leur siège sur votre âme avait raison de vous. Ces cadavres imaginaires avec leurs mains osseuses restaient fixés à l’intérieur de Lydia sans que personne ne puisse les retirer. Mais Lydia avait décidé d’ignorer tous les fantômes qui la hantaient. Elle était forte. Du moins, elle essayait du plus profond d’elle-même de s’en persuader. Malgré tout, jeter un coup d’œil vers la porte suffisait à l’en dissuader. Elle ne sortirait pas. Au dehors, il y a tant de mauvaises choses. Alors le chaos s’empare de vous, et vous êtes pris de nausées, de vertiges, de tremblements, vous ne pouvez pas vous retourner car les spectres vous en empêchent. Vous baissez la tête pour ne pas les voir, pour leur montrer que non, vous n’êtes pas faible et que vous ne les craignez pas. Que vous ne les voyez pas…mais ils sont coriaces, alors vous vous effondrez et vous éveillez en enfer. Riza grimpa sur le banc où Lydia était assise, cette dernière toujours contemplant sa bougie. Cette étrange distraction avait aussi un autre objectif : éloigner d’elle l’idée de sortir. L’extérieur était beaucoup trop dangereux. En Dystrisia, on disait que c’était Lydia qui apportait le malheur. Les gens qui s’approchaient trop d’elle finissaient par mourir, tous le savaient. Alors tous s’éloignaient, ou changeaient de trottoir, sauf ces sales gosses qui se donnaient entre eux des défis, comme la provoquer afin d’attirer sur eux sa malédiction. Lydia finissait par ne plus sortir du tout. Mais pourtant, il fallait bien qu’elle se nourrisse… au final, elle finit par ne plus rien avaler. Elle buvait, ne disait-on pas que c’était suffisant afin de survivre ? Enfin, à part quelques comas hypoglycémiques, sa « famine » ne la dérangeait pas. Elle s’attelait à imaginer une nouvelle pièce à synthétiser, et entreprenait sa fabrication, oubliant qu’elle devenait famélique, et que sa peau devenait plus osseuse que jamais, chose qui ne faisait que renforcer sa fragilité. Mais ces maudites rumeurs se propageaient, et au fur et à mesure, il n’y avait plus aucun client dans la maison Sayan, si bien que Lydia songea qu’il était mieux pour elle… non, il était mieux pour tous ces gens qu’elle mette les voiles. Cependant, depuis que la porte de son nouvel atelier s’était refermée sur elle, elle ne pouvait pas sortir. Non qu’elle voulut rester chez elle afin de s’atteler à la tâche (elle n’avait pas touché à son fer depuis son emménagement). C’était plutôt la crainte de l’extérieur, qui la retenait ainsi cloîtrée chez elle. Et les nuits étaient pénibles… insupportables pour ainsi dire. Dès qu’elle relâchait sa garde, les ombres prenaient le contrôle et s’enfonçait en elle. Alors que faisait-elle ? Elle rallumait une bougie et la regardait se consumer, vérifiait qu’elle fonde à son rythme, ni trop rapidement, ni trop lentement.
Si ce n’était pas le cas, sa nervosité reprenait le dessus et elle rabattait la couverture sur elle. Il allait y avoir un séisme, elle le sentait. Elle attendait que le plafond s’effondre sur elle et qu’elle puisse se remettre à nager dans l’oubli. Mais rien ne se passait, alors elle fixait de nouveau sa bougie. Et maîtrisait son souffle. Il ne fallait pas faire trembler la flamme, c’aurait été mal. Irrespectueux, même. Si elle était prise de tremblement, elle se mettait à parler à Riza, pour faire passer, c’était très efficace. Il suffisait de se persuader de quelque chose, même quelque chose d’absurde, pour que toute anomalie soit effacée. C’était formidable, non ? Comme les yeux jaunes de Riza étaient captivants… comme la lueur de la bougie.
Ce n’était plus possible. Lydia ne pouvait laisser sa névrose s’emparer d’elle une nouvelle fois. « Fiche moi la paix, fiche moi la paix », se répétait-elle à elle-même. Mais alors quelqu’un l’observait, et elle se retournait avec stupeur, le visage blême. Qui était cet espion, qui osait violer son intimité ? Elle saisissait une poêle et menaçait le mystérieux inconnu qui refusait de se dévoiler. La vérité : il n’y avait pas d’inconnu. Encore son imagination qui divaguait. Les inconnus, les mains, tout ça. Elle en avait assez. Alors que faisait-elle ? Elle rallumait une bougie.
Non. Non. Non. Noooon. « On arrête. Plus de bougie pour aujourd’hui. » Riza se mettait à la fixer. « Riza, sais-tu combien j’ai allumé de bougies, à ce jour ? » Riza, ne répondit pas. Ne la quitta pas des yeux non plus. « Oui, Riza, dix-neuf. Connais-tu des personnes sensées, qui n’ont d’autre occupation que d’allumer dix-neuf bougies en une journée ? ». Pas de réponse. « Oui. Et bien, je vais en rallumer une autre. Si je n’arrondis pas le chiffre, tout sera pire qu’avant ». Et Lydia alluma une vingtième bougie. Flamboyante.
« Aujourd’hui, on va sortir » Lydia s’était formulé ces mots dans son esprit plus d’une centaine de fois en quelques minutes. « On ne va pas rester enfermés encore une journée, si ? » Elle observa son djinn. « Si. »
Non. Non, c’est décidé. Aujourd’hui, on quitte la maison. On va dire bonjour aux passants que l’on croise dans la rue, et s’acheter des fruits et des légumes. Avec du poisson que l’on fera frire, accompagné d’une pincée d’épices divers. « Tu aimes le poisson, Riza ? » C’était si facile. Il suffisait de se lever, et d’aller jusqu’à la porte. De tirer l’énorme anneau rouillé. Et de marcher dans le long couloir obscur qu’était cet extérieur. Comme si l’on faisait cela une fois par jour, que c’était si naturel que se poser la question semblait fou… C’était fou, non ? Se poser ce genre de questions. Alors elle se leva du banc, suivie de près de Riza (non sans vérifier derrière elle si aucun inconnu de l’observait). Et se dirigea vers la porte. Et tout s’enchaîna, si vite qu’elle-même n’avait rien remarqué, aveuglée par sa folie grandissante. La sueur coulait le long de sa poitrine. Ca y était. Le souffle du vent glissait le long de son visage, et ses mèches de cheveux qui n’étaient pas empêtrées dans sa capeline frémissaient. Mais les regards glacés et les mains osseuses, et les inconnus… ils étaient plus là que jamais. Elle ferma les yeux et se laissa entraîner par la folie noire de son esprit. Et là. Là. Une main. Sur son épaule. Une vraie. Pas osseuse et froide comme celle des cadavres. Une main chaude et humaine. Où l’on distingue le pouls comme on sent le sien la main sur le cœur. Lydia se retourna.
| |
|